Archives de Catégorie: La Guerre des Sexes chez les animaux

La Guerre des sexes chez les animaux Une histoire naturelle de la sexualité, éd. Odile Jacob, Paris, 2006

La Guerre des Sexes

rhino_couverture

Le printemps est une saison amoureuse pour tous les animaux. Mais l’amour chez les animaux présente des formes bien extravagantes et la guere des sexes dévoile tous les bizarreries du monde animal. Une sexualité débridée dont les anomalies interrogent Darwin et les théories actuelles de l’évolution. Les sexes ne sont décidemment pas d’accord. Les oiseaux perdent leurs couleurs, le rhinocéros expose sa corne agressive et les baisers servent à tester le système immunitaire. De l’homosexualité des lions à la multiplication des partenaires chez les lézards, le comportement sexuel des animaux nous entraîne de singularités en excentricités, révélant un peu de la vie érotique des humains.

Une somme d’informations qui incluent les travaux scientifiques des biologistes féministes. Mais surtout, à travers cette synthèse de la vie animale, le livre nous montre que c’est cette biodiversité amoureuse qui fait l’évolution, bouleversant une grande partie des théories actuelles. 

Sommaire

L’orchidée Ophrys est une fleur sournoise. Son aspect contrefait la femelle d’un bourdon Osmia avec tant de perfection, avec tant d’ingéniosité que le bourdon connaît un irrépressible désir de déflorer la fleur. L’orchidée use d’un curieux stratagème pour se reproduire: la perfide invite les bourdons au sexe par ses couleurs et ses formes, et complète même sa supercherie en émettant les parfums de l’amour des bourdons. La co-évolution de la fleur et de l’insecte relève de l’influence contradictoire du sexe et des contraintes naturelles et complique singulièrement la compréhension de la mécanique évolutive. En outre, chez les bourdons, les mâles ne sont pas vraiment des mâles. Et quand bien même, comme chez les phasmes, les femelles peuvent s’en passer. L’un ou l’autre sexe n’y trouve guère son compte, et la sexualité de la fleur s’immisce dans la crise sexuelle des bourdons, dans la bataille entre les bourdons mâles et femelles.

Quoi? Le sexe ne composerait pas un événement harmonieux? L’épisode de la sexualité constitue l’un des principaux fondements de l’évolution biologique, probablement l’un des plus fascinants aussi. En introduisant une différence initiale entre deux sexes, l’aventure de la sexualité a profondément modifié le monde, et engagé une guerre, le conflit des sexes.

Préface

Avant-propos Une chronique des habitants de la lune…

Chapitre 1. La naissance de la tragédie

Chapitre 2. De l’origine du monde

Chapitre 3. « Au commencement était le sexe »

Chapitre 4. Les faveurs de Pimprenelle

Chapitre 5. Le Kama-Sutra des Grenouilles

Chapitre 6. La bataille du sperme

Chapitre 7. L’art délicat de la séduction

Chapitre 8. L’isolement amoureux

Chapitre 9. Jeux interdits

Chapitre 10. Les débuts de l’amour courtois

Chapitre 11. « Des sexes, je n’en connais que deux : l’un qui se dit raisonnable, l’autre qui nous prouve que cela n’est pas vrai » (Marivaux, le Prince travesti)

Chapitre 12. Le handicap des Martiens

Chapitre 13. La leçon des perroquets

Chapitre 14. Vénus et ses brouillards : on ne badine pas avec l’amour !

Chapitre 15. Les désordres de l’amour

Chapitre 16. Comment se doit de gouverner le prince.

Chapitre 17. Le dernier harem

Chapitre 18. Le domaine du cœur

Chapitre 19. Le charme discret de la monogamie

Chapitre 20. Les liaisons dangereuses

Chapitre 21. Pour quelques mâles de plus

Chapitre 22. « Qu’on ne peut donner si peu de puissance à l’amour qu’il n’en abuse » (Mme de Villedieu)

Chapitre 23. Le voyage à Lesbos

Chapitre 24. Le temps du couple à la Française

Conclusion: une lettre aux Sélénites

Remerciements

Illustrations

Références

Index des matières

Conceptions scientifiques

Se situant dans le droit fil d’une biologie théorique, Thierry Lodé élabore une pensée critique de la vision totalisante de la sociobiologie, de l’écologie comportementale et du néodarwinisme actuel.

   

La sexualité ne peut se réduire à la reproduction. Apparue précocement dans l’évolution, la sexualité serait une réplique des organismes à la présence de pathogènes. En facilitant l’évolution du système immunitaire, la sexualité se constituerait secondairement comme une entreprise de diversité. La nature ne retient pas d’autres normes que la diversité des conduites sexuelles.

Le baiser Thierry Lodé affirme que le french kiss a une autre fonction: celle de l’échange de salive, qui permet aux partenaires d’explorer le système immunitaire de l’autre et d’écarter les personnes qui ont une trop grande parenté génétique. Car, dans la logique de l’évolution, le partenaire idéal est celui qui apporte la diversité, garante de la santé de la progéniture. Son identification déclenche la suite du processus: le consentement amoureux, le désir (Cité par A Lietti dans le journal LE TEMPS [1]. A l’origine, cette exploration par la salive de l’intimité de l’autre apporte une détection de cette diversité du système immunitaire. Car le sexe est né de la lutte contre les pathogènes qui eux savent muter sans cesse. En diversifiant l’immunité de la progéniture, la sexualité répond aux pathogènes. Alors, par emballement, cela crée le désir. Nullement la progéniture, le désir….car cette exploration des salives permet d’être amoureux, quelque soit le sexe de l’autre.

La guerre des sexes apparait comme essentielle aux êtres vivants. La sexualité en partageant le vivant en deux entités entraîne un conflit sexuel évolutif, où chaque sexe contredit l’autre et fait de la résistance selon une stratégie de tir à la corde. A noter que Thierry Lodé prend ce terme sous une acceptation plutôt très large, incluant le conflit générationnel et peut être même la concurrence entre les espèces, se situant ainsi dans la lignée des théories de la coévolution insistant sur le rôle des interactions antagonistes. Il inclut une théorie de « l’amour libre. »

La spéciation sympatrique ou formation d’espèces sans rupture géographique au flux génétique, serait plus courante que ce que l’on pense. Un gradient de l’évolution qui irait de la sympatrie jusqu’à une allopatrie parfaite (séparation géographique), conduirait à l’apparition des espèces nouvelles. Ainsi, à partir de déplacements de caractères « la spécialisation phénotypique précède la différenciation spécifique ».

La séduction et la beauté, découlerait directement des bases biologiques du désir. Décrivant les caractéristiques extravagantes des animaux ou caractères hyperthéliques (la queue du paon) comme des stimulus supranormaux, Thierry Lodé en déduit que la fascination qu’ils provoquent proviendrait de traits biologiques anciens, produit d’une tendance évolutive à l’exagération. Un autre aspect de la beauté, définie à partir de caractères biologiques met en oeuvre, selon Thierry Lodé, le système immunitaire des partenaires sexuels, c’est l’attirance pour les traits symétriques. En effet, la symétrie bilatérale fondamentale du corps est altérée par des accidents de croissance souvent dus à des maladies, ce qui révèle l’affaiblissement du système immunitaire. En choisissant des partenaires sexuels aux traits symétriques, l’animal sélectionne un partenaire disposant d’un système immunitaire transmissible à sa progéniture et indemne de maladies. Les fluctuations asymétriques mettent en évidence l’état de santé et les faiblesses génétiques des partenaires.

La génétique: Thierry Lodé reproche aux théories de la sociobiologie (les théories du bon choix) de privilégier une approche fondée sur le tout génétique. Il n’y a pas de « bons gènes » non plus que tendance évolutive à chercher la meilleure reproduction. De nombreuses espèces ne ferait que de l’esbrouffe, du bluffe, ce que l’auteur nomme la « propagande de guerre ».

Le créationnisme essaye d’imposer un point de vue rétrograde, à travers l’hypothèse de l’ « intelligent design ». Pour Thierry Lodé, il s’agit d’un retour aux spéculations sectaires présupposant une direction au processus biologique.

La vie sociale: Refusant la théorie génétique de la parentèle, Thierry Lodé propose le conflit sexuel comme fondement du regroupement des individus.

L’homosexualité serait naturelle, directement issue de la séduction, et n’aurait pas de bases génétiques, mais ferait simplement partie des orientations possibles. Il ne s’agit donc pas d’une théorie de la bisexualité fondamentale comme chez les Freudiens, mais plutôt d’une théorie de la séduction.

La monogamie serait issue de la tendance des mâles à garder les femelles. La contrainte exercée par les conditions de l’environnement et entraînant une « destruction mutuelle assurée » favoriserait le maintien de la stratégie monogame dans l’évolution.

La biodiversité amoureuse: Le fondement du vivant, c’est que l’attrait amoureux construit de la biodiversité et que la diversité à son tour engendre de la diversité.

VOIR AUSSI LA LENTEUR DE L’ORNITHORHYNQUE chez versailles Eds

Publications

  • La guerre des sexes chez les animaux, une histoire naturelle de la sexualité, éditions Odile Jacob (http://www.odilejacob.fr/), 2006 ISBN 2-7381-1901-8
  • Les stratégies de reproduction des animaux, Éditions Dunod Masson Sciences, 2001
  • Génétique des populations, Editions Ellipses, 1998

Notes et références

  1. Thierry Lodé et collaborateurs, 2004 Sex-biased pedation by polecats influences the mating system of frogs Proc Roy Soc 271 (S6):S399-S401
  2. Thierry Lodé « le droit d’être abolitionnistes » l’Endehors, Fév. 2008
  3. articles de Thierry Lodé dans l’Endehors

Liens externes

Homosexualité animale – Animal Homosexuality

L’homosexualité est une autre exuberance biologique.

04

L’homosexualité a longtemps été considérée comme un tabou en biologie évolutive ou du moins, les évènements homosexuels ont été regardés comme des anomalies sans intérêts. Pour de nombreux néodarwiniens, l’homosexualité n’est simplement pas possible. Pourtant, les dauphinsaiment vraiment les ébats gays.
Pourquoi les comportements homosexuels existent-ils chez près de 450 espèces différentes ?

21710_4_4681.L’hypothèse de l’agression des dominés(aggression hypothesis) allègue que l’homosexualité résulterait surtout de la frustration des célibataires

2.Les relations homosexuelles peuvent en fait naître de la rivalité des mâles.
3.L’hypothèse de la pénurie de partenaires présume la carence d’activité sexuelle
gay_big_horns2
4. Les sub-adultes s’essayent à la pratique sexuelle avec leur plus proche camarade de jeu. C’est l’hypothèse de l’entraînement(training hypothesis)

5. Les occupations homosexuelles favoriseraient les alliances

(théorie de la hiérarchie-coopérationdominance hierarchy/cooperation-)

6. l’hypothèse dite d’auto-régulation démographique, l’homosexualité limiterait les populations (Bruce Baghelmil)

7. l‘hypothèse des sournois(sneaky theory) explique qu’un candidat à la copulation pourrait s’associer avec un dominant dans l’espoir d’obtenir un accès aux femelles.

lhomosexualite_est_naturelle_L_2

Néanmoins, à l’évidence, l’homosexualité délibérée et consentie existe chez de nombreuses espèces sans qu’un déséquilibre du sexe-ratio ne vienne la justifier.

9.En accordant au sexe une fonction indépendante de la reproduction, la préférence pour un partenaire pourrait supplanter la discrimination du sexe. L’homosexalité consentie chez une espèce solitaire comme le Putois Mustela putorius étayent cette hypothèse du libre choix(free choice hypothesis, Lodé 2006)

Gravender_350px

in Th Lodé – La GUERRE DES SEXES (2006) Eds Odile Jacob .